Le Laos
Depuis l'été de l'année 1975, le Laos s'enfonce aussi dans la nuit de l'oppression arbitraire. Des milliers de fonctionnaires, de militaires, de policiers, ont été envoyés dans des camps de con-centration du nord du pays pour subir un lavage de cerveau. Des vingtaines de milliers d'autres, principalement des paysans, sont astreints aux travaux forcés à l'intérieur du territoire. Comme dans les pays voisins, c'est par centaines de milliers que les gens fuient l'enfer, pour peupler les camps de réfugiés installés prin-cipalement en Thailande.
Plus de 900.000 laotiens ont traversé le Mékong, devenu un autre Mur de Berlin, sous les balles qui souvent tuent le fugitif en pleine traversée des eaux tumultueuses. Mais en réalité ces départs font l'affaire de Hanoï; l'objectif, ici aussi, est de faire le vide pour importer des viêtnamiens dans un pays débarrassé de ses habitants.
Pour parvenir à leurs fins, les autorités chassent les jour-nalistes et demandent aux Ambassades occidentales de réduire au strict minimum leur personnel, auquel par toutes sortes de moyens on interdit la libre circulation dans les provinces. Ainsi les témoins gênants sont pratiquement supprimés.
Après les années d'occupation durant lesquelles les NVN (nord-viêtnamiens) ont pu préparé sans obstacle la chute de Saï-gon (le 30 Avril 1975) qui a porté au paroxysme l'arrogance des Pathet Lao (Parti Communiste Laotien), ils ont réclamé un pou-voir sans partage. Les leaders nationalistes ont dû démissionner et partir l'un après l'autre pour l'étranger. En Mars 1975 était créée la République Démocratique et Populaire du Laos (RDPL). Qui commande?...
Le prince Souphannouvong, Président de la RDPL, dont l'-épouse est viêtnamienne, n'a qu'un pouvoir symbolique. Les membres du gouvernement sont de simples figurants. Les pou-voirs réels sont détenus par Kaysone Phomvihane, imposé et soutenu par Hanoï. Sans être laotien, il était premier ministre du RDPL, ce qui ne l'empêche pas de passer la plus grande partie de sa vie au Tonkin dans l'entourage de Hô Chi Minh, dont il devint l'homme de confiance et l'instrument politique. Devant la mainmise du Viêtnam sur le pays du million d'éléphants, ainsi appelé par les français, quelle a été l'attitude des 13 pays signa-taires, en 1962, des Accords internationaux de Genève sur la neu -tralisation du Laos? Unanime: aucun n'a levé le petit doigt.
Beaucoup ont contribué à l'enterrement de cette Neutralité. L'URSS, co-président des 2 Conférences de Genève (1954 & 1962), signataire des Accords de Genève et de Paris, affiche un triomphalisme délirant. A Vientiane, des techniciens, conseillers militaires, pilotes de chasse soviétiques et cubains, des agents du KGB arrivent en force pour occuper les places que les améri-cains ont laissées vacantes. Hanoï se taille la part de lion, forte de la présence de son armée d'occupation de 80.000 hommes (en 1976).
En France, j'ai constaté une sorte de guerre psychologique au profit de Hanoï à la Télévision française concernant les re-portages sur le Cambodge, le Laos et le Viêtnam. En Novembre 1983 l'Ambassadeur du Laos à Paris montra une grande colère après la diffusion par TF1, le 9 Novembre, du documentaire “Retour au Laos” signé Hervé Pernot, ancien coopérant français ayant travaillé au Laos de 1973 à 1975. Dans un communiqué à la presse officielle, les autorités du régime de Vientiane accusent l'auteur du film d'avoir déformé toute la vérité en "présentant le Laos sous un aspect néfaste, en tronquant les images et en as-sortissant des commentaires tendancieux". Et pourtant M. Pernot est connu pour sa sympathie envers le PCL actuel.
J'ai regardé aussi très attentivement ce film de bout en bout: il montre la réalité d'un Laos communisé, un point c'est tout, avec ses misères et ses privations. Privation de liberté notam-ment car les personnes interviewées ne pouvaient parler libre-ment devant la caméra française. D'autre part il était impossible pour M. Pernot de filmer la présence viêtnamienne au Laos. Non!... Camarades du Pathêt Lao, il n'y a pas lieu de vous mettre en colère et de vous indigner, car le Laos est devenu ce que vous avez voulu qu'il soit: un pays colonisé et une dictature où la moindre liberté individuelle n'a plus droit de cité. Ce n'est pas en montrant la complaisance d'une famille d'anciens capitalistes convertis à votre cause que vous arriverez à tromper le monde. Voilà, comme on s'y attendait plus ou moins, “Retour au Laos” n'a été en fin de compte qu'une ruse de propagande en faveur du nouveau régime moribond qui se libéralise.
Certes, un semblant d'objectivité a été sauvegardé. Il con-vient d'abord de saluer à M. Alain Denvers, le responsable de l'émission, qui, dans une brève séquence introductive, a immé-diatement tenu à équilibrer la balance, en précisant aux téléspec-tateurs français les points suivants:
1. Le Laos est vidé de ses habitants. 900.000 laotiens (soit plus de 1/10 de la population) ont voté avec leurs pieds en fuyant le régime communiste.
2. Celui-ci doit faire face à des guérillas, soutenues par la Thailande et la Chine Populaire, qui opèrent du nord au sud du pays. Les Hmongs résistent farouchement dans leurs sanctuaires.
3. Le Laos est actuellement occupé par plus de 80.000 soldats nord-viêtnamiens qui annexent pratiquement le pays.
Ces points essentiels ont été escamotés par l'auteur du re-portage en question. C'est ainsi que sous prétexte qu'on lui inter-dit de filmer, le caméraman Pernot passe allègrement sous silen-ce l'importance des troupes d'occupation viêtnamiennes, qui sont tout de même plus nombreuses que l'Armée régulière laotienne elle-même. Ces Bô Doi, infiltrés au Laos dès la fin de la Secon-de Guerre Mondiale, ont d'abord investi les 2 provinces de Sam-Nua et Phong-Saly, puis toute la portion orientale du pays, par où passait la "Piste Hochiminh". De nos jours, les viêtnamiens sont les maîtres partout, même autour des résidences des Prési-dents de la République et du Conseil des Ministres! Mais, M. Pernot n'a rien vu! Bizarre tout de même, non?... Par contre, l'-auteur français de “Retour au Laos”, continue à recevoir et à faire voir, en 1983, les bombardements américains des B52 sur le pays alors qu'ils ont cessé bien avant la fin de l'année 1973. Ce rappel opportun vise, bien sûr, à camoufler les activités cri-minelles des avions soviétiques qui cachent sans relâche la pluie jaune (gaz toxique) sur les patriotes Hmongs qui résistent dans leurs repaires montagneux. M. Pernot prétend ne rien savoir du calvaire de l'ethnie Hmong. Le massacre de Phou-bia, les fuites éperdues à travers la jungle, le camp n'existe pas pour lui. Au contraire, il tente de faire accréditer la thèse de son complice Ly-Tou, selon laquelle les Hmongs jouissent de la paix et de tous les droits. Alors qu'en réalité, les autorités communistes, ou bien les cantonnent dans des villages modèles sévèrement gardés par les NVN, ou bien les exterminent avec les moyens les plus barbares.
Un autre exemple de manipulation saute également aux yeux. Il s'agit du mot Xieng-Vang, nom d'une province laotien-ne. Les personnes interviewées en donnent une définition vague et confuse, tandis que le Ministre de l'Information le défit com-me un centre agricole d'Etat -bel euphé-misme. Car Xieng Vang désigne ni plus ni moins les camps de travaux forcés disper-sés dans la jungle de cette province limi-trophe et dans lesquels sont détenus, sans procès ni jugement, les anciens fonction-naires et militaires de l'ancien régime. Xiên-Vang, prison dégui-sée à ciel ouvert, est l'équivalent du goulag sibérien. L'ex-roi du Laos lui-même y a subi des traitements des plus dégradants (Amnesty International dixit).
Non!..., la caméra française de M. Pernot ne montre jamais tout celà aux téléspectateurs internationaux. Parce qu'on lui a refusé l'autorisation d'y aller. Alors, il se contentait de faire son tournage à Vientiane où on dansait le Jerk et où un orchestre (derrière lequel on voyait très nettement la faucille et le mar-teau) jouait un air bâtard, ni révolutionnaire, ni décadent. Pour le Doumeng local (M. Boua Chanh) et pour sa charmante fille, c'est bien la preuve que le régime se libéralise, depuis exacte-ment le 3ème Congrès. Tel était, au fond, le message qu'a voulu transmettre le gouvernement actuel de Vientiane aux téléspecta-teurs du monde et aux réfugiés laotiens: surtout inciter ces der-niers de regagner la mère-patrie, il y fait de nouveau bon vivre. Combien de dupes, comme Ly Tou, le Parti réussira-t-il à leur-rer encore
Heureusement que les images et les réponses à la laotienne parlent d'elles-mêmes; ceux qui savent lire entre les lignes, dis-cerner les expressions et écouter les sous-entendus se rendent bien compte que le marxisme-léninisme au Laos comme au Cam-bodge (soutenu par les princes royaux) écrase l'homme au lieu de le libérer. Pour un peuple légendairement connu, comme celui des Laotiens ou des khmers, pour son pacifisme et sa douceur de vivre, les pilules sont plutôt très amères.
Une autre propagande française à la Télévision ANTENNE 2 en Janvier 1984, un film historique “Le Viêtnam” réalisé par sieur Henri de Turenne:
1- Tonkin est le nom baptisé par le père Jules Ferry.
2- Le général Vo Nguyen Giap où son nom s'est détaché sur le ciel des guerres d'Indochine.
Non!... C'étaient simplement la vérité tourennienne; l'his-toire réelle s'en écarte beaucoup. Le Tonkin est un mot laotien qui veut dire Champ des odeurs ou des parfums. Les viêtnamiens font pression sur les lao dans tous les domaines pour qu'ils abandonnent et oublient leur passé culturel. Les Lao -les premiers possesseurs du Tonkin- s'y refusent catégoriquement et y résis-tent toujours pour sauvegarder leur patrimoine culturel, artisti-que, linguistique. ..Jusqu'à présent, la viêtnamisation n'est pas du tout réussie. Concernant Giap ce n'est que des mensonges.
Amnesty International mouvement impartial d'interven-tions directes pour la défense des Droits de l'Homme et la libéra-tion des prisonniers d'opinion dans le monde, vient de publier en Novembre 1983 son rapport annuel sur les violations par les di-vers Etats de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (proclamée par l'ONU le 10 Décembre 1948). Dans son chapitre consacré au Laos (3 pages), Amnesty International a condamné sans équivoque la politique de détention sans inculpation ni jugement des prisonniers d'opinion menée par le gouvernement pro-viêtnamien de Vientiane depuis fin 1975.
Amnesty International est restée préoccupée par le maintien en détention d'un grand nombre de personnes internées depuis 1975 pour leurs activités politiques ou leurs fonctions sous le régime antérieur, ainsi que l'absence de garanties juridiques en matière de délits politiques. Elle s'est inquiétée également d'in-formations selon lesquelles des prisonniers politiques auraient été enlevés des camps pour être exécutés. La plupart des détenus politiques des camps de rééducation sont internés depuis plus de 7 années sans inculpation ni jugement. Les libérations qui avaient débuté fin 1980 semblent s'être presque totalement arrê-tées fin 1981 et Amnesty International n'a eu connaissance que de rares cas de libérations individuelles au cours de l'année 1982.
Malgré les déclarations faites en 1979 par le premier minis-tre Kaysone Phomvihane, quant à la nécessité de promulguer des lois sur les droits, les intérêts et les devoirs fondamentaux du peuple et de les diffuser largement, le pays n'a toujours ni cons-titution, ni législation écrite, 7 ans après l'avènement du nouveau gouvernement. Un rapport du Secrétaire Général des Nations-Unies en date du 11 Mars 1982 cite la justification que donne le gouvernement laotien des détentions sans jugement en camps de rééducation:
Depuis l'été de l'année 1975, le Laos s'enfonce aussi dans la nuit de l'oppression arbitraire. Des milliers de fonctionnaires, de militaires, de policiers, ont été envoyés dans des camps de con-centration du nord du pays pour subir un lavage de cerveau. Des vingtaines de milliers d'autres, principalement des paysans, sont astreints aux travaux forcés à l'intérieur du territoire. Comme dans les pays voisins, c'est par centaines de milliers que les gens fuient l'enfer, pour peupler les camps de réfugiés installés prin-cipalement en Thailande.
Plus de 900.000 laotiens ont traversé le Mékong, devenu un autre Mur de Berlin, sous les balles qui souvent tuent le fugitif en pleine traversée des eaux tumultueuses. Mais en réalité ces départs font l'affaire de Hanoï; l'objectif, ici aussi, est de faire le vide pour importer des viêtnamiens dans un pays débarrassé de ses habitants.
Pour parvenir à leurs fins, les autorités chassent les jour-nalistes et demandent aux Ambassades occidentales de réduire au strict minimum leur personnel, auquel par toutes sortes de moyens on interdit la libre circulation dans les provinces. Ainsi les témoins gênants sont pratiquement supprimés.
Après les années d'occupation durant lesquelles les NVN (nord-viêtnamiens) ont pu préparé sans obstacle la chute de Saï-gon (le 30 Avril 1975) qui a porté au paroxysme l'arrogance des Pathet Lao (Parti Communiste Laotien), ils ont réclamé un pou-voir sans partage. Les leaders nationalistes ont dû démissionner et partir l'un après l'autre pour l'étranger. En Mars 1975 était créée la République Démocratique et Populaire du Laos (RDPL). Qui commande?...
Le prince Souphannouvong, Président de la RDPL, dont l'-épouse est viêtnamienne, n'a qu'un pouvoir symbolique. Les membres du gouvernement sont de simples figurants. Les pou-voirs réels sont détenus par Kaysone Phomvihane, imposé et soutenu par Hanoï. Sans être laotien, il était premier ministre du RDPL, ce qui ne l'empêche pas de passer la plus grande partie de sa vie au Tonkin dans l'entourage de Hô Chi Minh, dont il devint l'homme de confiance et l'instrument politique. Devant la mainmise du Viêtnam sur le pays du million d'éléphants, ainsi appelé par les français, quelle a été l'attitude des 13 pays signa-taires, en 1962, des Accords internationaux de Genève sur la neu -tralisation du Laos? Unanime: aucun n'a levé le petit doigt.
Beaucoup ont contribué à l'enterrement de cette Neutralité. L'URSS, co-président des 2 Conférences de Genève (1954 & 1962), signataire des Accords de Genève et de Paris, affiche un triomphalisme délirant. A Vientiane, des techniciens, conseillers militaires, pilotes de chasse soviétiques et cubains, des agents du KGB arrivent en force pour occuper les places que les améri-cains ont laissées vacantes. Hanoï se taille la part de lion, forte de la présence de son armée d'occupation de 80.000 hommes (en 1976).
En France, j'ai constaté une sorte de guerre psychologique au profit de Hanoï à la Télévision française concernant les re-portages sur le Cambodge, le Laos et le Viêtnam. En Novembre 1983 l'Ambassadeur du Laos à Paris montra une grande colère après la diffusion par TF1, le 9 Novembre, du documentaire “Retour au Laos” signé Hervé Pernot, ancien coopérant français ayant travaillé au Laos de 1973 à 1975. Dans un communiqué à la presse officielle, les autorités du régime de Vientiane accusent l'auteur du film d'avoir déformé toute la vérité en "présentant le Laos sous un aspect néfaste, en tronquant les images et en as-sortissant des commentaires tendancieux". Et pourtant M. Pernot est connu pour sa sympathie envers le PCL actuel.
J'ai regardé aussi très attentivement ce film de bout en bout: il montre la réalité d'un Laos communisé, un point c'est tout, avec ses misères et ses privations. Privation de liberté notam-ment car les personnes interviewées ne pouvaient parler libre-ment devant la caméra française. D'autre part il était impossible pour M. Pernot de filmer la présence viêtnamienne au Laos. Non!... Camarades du Pathêt Lao, il n'y a pas lieu de vous mettre en colère et de vous indigner, car le Laos est devenu ce que vous avez voulu qu'il soit: un pays colonisé et une dictature où la moindre liberté individuelle n'a plus droit de cité. Ce n'est pas en montrant la complaisance d'une famille d'anciens capitalistes convertis à votre cause que vous arriverez à tromper le monde. Voilà, comme on s'y attendait plus ou moins, “Retour au Laos” n'a été en fin de compte qu'une ruse de propagande en faveur du nouveau régime moribond qui se libéralise.
Certes, un semblant d'objectivité a été sauvegardé. Il con-vient d'abord de saluer à M. Alain Denvers, le responsable de l'émission, qui, dans une brève séquence introductive, a immé-diatement tenu à équilibrer la balance, en précisant aux téléspec-tateurs français les points suivants:
1. Le Laos est vidé de ses habitants. 900.000 laotiens (soit plus de 1/10 de la population) ont voté avec leurs pieds en fuyant le régime communiste.
2. Celui-ci doit faire face à des guérillas, soutenues par la Thailande et la Chine Populaire, qui opèrent du nord au sud du pays. Les Hmongs résistent farouchement dans leurs sanctuaires.
3. Le Laos est actuellement occupé par plus de 80.000 soldats nord-viêtnamiens qui annexent pratiquement le pays.
Ces points essentiels ont été escamotés par l'auteur du re-portage en question. C'est ainsi que sous prétexte qu'on lui inter-dit de filmer, le caméraman Pernot passe allègrement sous silen-ce l'importance des troupes d'occupation viêtnamiennes, qui sont tout de même plus nombreuses que l'Armée régulière laotienne elle-même. Ces Bô Doi, infiltrés au Laos dès la fin de la Secon-de Guerre Mondiale, ont d'abord investi les 2 provinces de Sam-Nua et Phong-Saly, puis toute la portion orientale du pays, par où passait la "Piste Hochiminh". De nos jours, les viêtnamiens sont les maîtres partout, même autour des résidences des Prési-dents de la République et du Conseil des Ministres! Mais, M. Pernot n'a rien vu! Bizarre tout de même, non?... Par contre, l'-auteur français de “Retour au Laos”, continue à recevoir et à faire voir, en 1983, les bombardements américains des B52 sur le pays alors qu'ils ont cessé bien avant la fin de l'année 1973. Ce rappel opportun vise, bien sûr, à camoufler les activités cri-minelles des avions soviétiques qui cachent sans relâche la pluie jaune (gaz toxique) sur les patriotes Hmongs qui résistent dans leurs repaires montagneux. M. Pernot prétend ne rien savoir du calvaire de l'ethnie Hmong. Le massacre de Phou-bia, les fuites éperdues à travers la jungle, le camp n'existe pas pour lui. Au contraire, il tente de faire accréditer la thèse de son complice Ly-Tou, selon laquelle les Hmongs jouissent de la paix et de tous les droits. Alors qu'en réalité, les autorités communistes, ou bien les cantonnent dans des villages modèles sévèrement gardés par les NVN, ou bien les exterminent avec les moyens les plus barbares.
Un autre exemple de manipulation saute également aux yeux. Il s'agit du mot Xieng-Vang, nom d'une province laotien-ne. Les personnes interviewées en donnent une définition vague et confuse, tandis que le Ministre de l'Information le défit com-me un centre agricole d'Etat -bel euphé-misme. Car Xieng Vang désigne ni plus ni moins les camps de travaux forcés disper-sés dans la jungle de cette province limi-trophe et dans lesquels sont détenus, sans procès ni jugement, les anciens fonction-naires et militaires de l'ancien régime. Xiên-Vang, prison dégui-sée à ciel ouvert, est l'équivalent du goulag sibérien. L'ex-roi du Laos lui-même y a subi des traitements des plus dégradants (Amnesty International dixit).
Non!..., la caméra française de M. Pernot ne montre jamais tout celà aux téléspectateurs internationaux. Parce qu'on lui a refusé l'autorisation d'y aller. Alors, il se contentait de faire son tournage à Vientiane où on dansait le Jerk et où un orchestre (derrière lequel on voyait très nettement la faucille et le mar-teau) jouait un air bâtard, ni révolutionnaire, ni décadent. Pour le Doumeng local (M. Boua Chanh) et pour sa charmante fille, c'est bien la preuve que le régime se libéralise, depuis exacte-ment le 3ème Congrès. Tel était, au fond, le message qu'a voulu transmettre le gouvernement actuel de Vientiane aux téléspecta-teurs du monde et aux réfugiés laotiens: surtout inciter ces der-niers de regagner la mère-patrie, il y fait de nouveau bon vivre. Combien de dupes, comme Ly Tou, le Parti réussira-t-il à leur-rer encore
Heureusement que les images et les réponses à la laotienne parlent d'elles-mêmes; ceux qui savent lire entre les lignes, dis-cerner les expressions et écouter les sous-entendus se rendent bien compte que le marxisme-léninisme au Laos comme au Cam-bodge (soutenu par les princes royaux) écrase l'homme au lieu de le libérer. Pour un peuple légendairement connu, comme celui des Laotiens ou des khmers, pour son pacifisme et sa douceur de vivre, les pilules sont plutôt très amères.
Une autre propagande française à la Télévision ANTENNE 2 en Janvier 1984, un film historique “Le Viêtnam” réalisé par sieur Henri de Turenne:
1- Tonkin est le nom baptisé par le père Jules Ferry.
2- Le général Vo Nguyen Giap où son nom s'est détaché sur le ciel des guerres d'Indochine.
Non!... C'étaient simplement la vérité tourennienne; l'his-toire réelle s'en écarte beaucoup. Le Tonkin est un mot laotien qui veut dire Champ des odeurs ou des parfums. Les viêtnamiens font pression sur les lao dans tous les domaines pour qu'ils abandonnent et oublient leur passé culturel. Les Lao -les premiers possesseurs du Tonkin- s'y refusent catégoriquement et y résis-tent toujours pour sauvegarder leur patrimoine culturel, artisti-que, linguistique. ..Jusqu'à présent, la viêtnamisation n'est pas du tout réussie. Concernant Giap ce n'est que des mensonges.
Amnesty International mouvement impartial d'interven-tions directes pour la défense des Droits de l'Homme et la libéra-tion des prisonniers d'opinion dans le monde, vient de publier en Novembre 1983 son rapport annuel sur les violations par les di-vers Etats de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (proclamée par l'ONU le 10 Décembre 1948). Dans son chapitre consacré au Laos (3 pages), Amnesty International a condamné sans équivoque la politique de détention sans inculpation ni jugement des prisonniers d'opinion menée par le gouvernement pro-viêtnamien de Vientiane depuis fin 1975.
Amnesty International est restée préoccupée par le maintien en détention d'un grand nombre de personnes internées depuis 1975 pour leurs activités politiques ou leurs fonctions sous le régime antérieur, ainsi que l'absence de garanties juridiques en matière de délits politiques. Elle s'est inquiétée également d'in-formations selon lesquelles des prisonniers politiques auraient été enlevés des camps pour être exécutés. La plupart des détenus politiques des camps de rééducation sont internés depuis plus de 7 années sans inculpation ni jugement. Les libérations qui avaient débuté fin 1980 semblent s'être presque totalement arrê-tées fin 1981 et Amnesty International n'a eu connaissance que de rares cas de libérations individuelles au cours de l'année 1982.
Malgré les déclarations faites en 1979 par le premier minis-tre Kaysone Phomvihane, quant à la nécessité de promulguer des lois sur les droits, les intérêts et les devoirs fondamentaux du peuple et de les diffuser largement, le pays n'a toujours ni cons-titution, ni législation écrite, 7 ans après l'avènement du nouveau gouvernement. Un rapport du Secrétaire Général des Nations-Unies en date du 11 Mars 1982 cite la justification que donne le gouvernement laotien des détentions sans jugement en camps de rééducation:
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