Depuis 1975, lorsque l'on parle en Occident, particulière-ment en France, de l'échec des américains en Indochine, on à coutume de mêler le nom du Cambodge à ceux du Laos et du Sud-Vietnam. Or, il faut le redire, les américains n'ont jamais eu d'unités combattantes sur notre territoire khmer. Leur seule in-tervention de dernière minute a été d'accorder à notre armée un peu d'aide en matériel et en munitions après l'abandon de nos ins -tructeurs français.
L'attitude des Etats-Unis d'Amérique vis-à-vis du Sud-est asiatique s'explique par l'opposition de leurs deux grands partis politiques: Républicain et Démocrate.
Les Républicains avaient choisi leurs hommes en Indochi-ne: le prince Souvanna Phouma pour le Laos, le général de Corps d'armée Nguyên Van Thiêu pour le Sud-Viêtnam et le prince lieu-tenant-général Sisowath Sirik Matak pour le Cambodge. Ce der-nier cèdera la place au général de corps d'armée Lon Nol qui de-viendra Maréchal. Les Démocrates américains, eux, ont préféré pour le Cambodge le Prince Sihanouk, qui a toujours été proche de leur Parti; il a entretenu d'une façon constante des relations très étroites avec le Sénateur américain Michael Joseph Mansfield (l'homme fort du Sénat des Etats-Unis) et le Sénateur William Fulbrieght.
Une fois à la tête de son FUNC à Pékin, Sihanouk s'est em-ployé, par l'intermédiaire du Sénateur américain Michael Joseph Mansfield en particulier, à faire pression sur le Sénat et la Cham-bre des Représentants pour que les Etats-Unis se refusent à aider le régime républicain de Phnom-Penh. Ce qui signifiait, à l'en-tendre, que ses communistes khmers et son Armée Rouge préten-daient instaurer un régime humain, national, très populaire et non corrompu (1975-79). On sait ce qu'il en a été.
Sihanouk a qualifié le régime républicain non-communiste
de Phnom-Penh de fasciste, anti-nationaliste, anti-populaire et corrompu. De même Sihanouk a par la suite déclaré au Sénateur Mansfield qu'-il n'y avait pas eu d'agression viêtcong et nord-viêtnamienne au Cambodge.
L'échec n'est pas celui des Répu-blicains mais des Démocrates améri-cains. Même sous la Présidence de Richard Nixon, puis de Gerald Ford, les Chambres avaient une forte majorité démocrate. L'administration républicaine n'était en fait que l'exécutante de leur volonté et son initiative se trou-vait limitée par cette opposition parlementaire. Elle put mener à terme la Conférence de Paris avant l'élection de Carter; l'arrivée de celui-ci marquait la fin du soutien dont bénéficiaient les régi-mes non communistes d'Indochine. Le Président Nguyên Van Thieu et le Maréchal Lon No1 pouvaient boucler leurs valises pour faire place nette aux VC/NVN/AC d'une part, à l'Armée Rouge de Sihanouk, de l'autre.
Tandis que les communistes s'installaient, le Sénateur Mans-field, déçu, démissionnait du Sénat pour se retirer à Tokyo avec ses remords. Un moment soulage du poids de la guerre, les amé-ricains, que le monde entier regardait d'un oeil méprisant, com-mencèrent à ressentir de la honte. Malgré les bonnes excuses invoquées par les Démocrates, le peuple américain se rappro-chait des Républicains et ce fut le prélude à l'élection spectacu-laire du Président Ronald Reagan.
Dans le film “La Panète des Singes”, le scénariste a montré un monde où ces primates gouvernent en cherchant à chasser les hommes et en élevant certains de ceux-ci dans des cages comme nous le faisons des animaux. Un autre film américain réalisé sur la guerre du Viêtnam, “Apocalypse Now”, met en scène un Cam-bodge gouverné par des hommes du premier siècle, devant un fond de décor représentant les ruines d'Angkor tachées de sang. Le colonel américain qui va mourir dit au capitaine envoyé par Washington: "Ils peuvent me tuer, mais ils ne peuvent pas me juger, car ils ne me comprennent jamais". Je tiens à féliciter ces 2 scénaristes, car ils ont osé figurer le présent et l'avenir du mon-de et de l'Extrême-Orient, et pour commencer du Cambodge. La politique américaine de demain en Asie repose sur l'affirmation qu'il appartient aux Asiatiques de défendre eux-mêmes leur souve-raineté. Mais le principe profond qui l'inspire consiste à se rap-procher des Chinois par crainte des Soviétiques. Les américains, se méfiant de l’URSS plus que de tout au monde, souscrivent à l'ambition de Pékin de faire rayonner la puissance chinoise de la Corée du Nord à Singapour.
Au cours de la cérémonie commémorative du 40ème Anni-
versaire de la "Victoire du 8 Mai 1945 en France" mes camara-des anciens combattants français, m'ont demandé au Palais des Congrès de Versailles ma réflexion sur le film américain “La Déchirure”. Je suis très touché de pouvoir leur répondre en cette grande journée: Journée de la victoire sur les Nazis.
Les Nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale, ont tué, massacré des millions d'êtres humains: hommes, femmes, en-fants... Les juifs en particulier furent exterminés en masse. Des camps de concentrations, des prisons furent dressés partout en Europe, en France notamment. Mais après la guerre les respon-sables nazis, auteurs de ce génocide, furent arrêtés, jugés, con-damnés, fusillés. Les rescapés sont poursuivis et 40 ans après on a pu arrêter et incarcérer dans la prison de Lyon les nazis Khlaus Barbie.
En tant que khmer (Cambodgien) non-communiste, je ne peux m'empêcher de penser aux Nazis khmers et aux autres mi-litaristes... qui continuent à vivre normalement sans se soucier de rien, aidés même par leurs complices khmers et étrangers. Les Nazis khmers, du temps de leur pouvoir, n'eurent pas besoin de construire de camps ou de prisons. Tout le territoire est de-venu prison, camp de concentration et de mort. Les victimes sont tuées partout: sur les bords des routes, les bords des rivières et des fleuves. Dans la plaine, dans la rizière, dans la forêt, dans la montagne, les khmers non communistes sont exécutés partout;
c'est atroce et impensable.
Le monde vient d'être réveillé par le film “La Déchirure”. Ce
film d'horreur retrace l'histoire de la séparation d'un journaliste américain et de son collaborateur khmer. Par cette histoire senti-mentale, le film a relaté le génocide commis par les Nazis khmers, mais le film a un heureux dénouement: le journaliste du New York Times a retrouvé son ami khmer. Bien sûr, on n'a pas pensé que des millions de khmers n'ont pas eu la chance du journaliste. Malgré cela nous, khmers, nous nourrissons encore l'espoir de retrouver un jour nos familles perdues, ou tout au moins de re-trouver leurs corps ou leurs ossements. Mais comment?
Dans la même réflexion, le lieutenant-général Sosthène Fe-mandez, ancien Commandant-en-Chef des FANK, constate que "les Nazis khmers ont fait du Cambodge le plus grand cimetière du monde (181.000 km2)".
A Versailles en 1985, je voudrais commémorer a ma façon la fête de la "Victoire du 8 Mai 1945 en France" en pensant res-pectueusement à tous les anciens combattants volontaires khmers (les 28 régiments de soldats khmers) décimés à Verdun (1914-18), aux membres de ma famille, à mes soldats et aux familles de tous mes chers compatriotes victimes du génocide des com-munistes khmers, tout en espérant qu'un jour le ciel rendra jus-tice à ces morts.
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Vouloir résoudre le problème khmer en ignorant ce régime, c'est voué à l'échec permanent; c'est condamner notre pays, le Cambodge, à être communiste pour toujours. Au Cambodge, l'oc-cupation viêtnamienne revêt maintenant deux aspects qui com-portent un immense danger réel pour le peuple khmer:
1- La khmérisation de la guerre,
2- La viêtnamisation de la population.
Devant ce danger, plus que jamais il fallait que je fasse appel à l'esprit patriotique de tous les khmers et les vrais amis du Cambodge pour relever ce double défi. Cet esprit implique impérieusement l'union nationale. Celle-ci qui devait aller de pair aussi bien dans l'esprit que dans les paroles et les actes, est le prix de la survie de ma Nation. A chaque khmer de réfléchir et d'agir en portant l'intérêt suprême de la nation au-dessus des avantages du Parti. Ceci dit, le facteur déterminant demeure le combat sur le terrain avec le soutien de la masse populaire.
La khmérisation de la guerre, stratégie que l'occupant viêt-namien est en train de préparer, avec l'aide de la France, la mise en oeuvre, conduit tout simplement les khmers à s'entretuer en plus grand nombre possible. Les effectifs de l'armée gouverne-mentale à Phnom-Penh se sont accrus par des enrôlements for-cés des jeunes, et des cadres en nombre important ont été envo-yés en stage en URSS ou dans d'autres pays du bloc soviétique. Parallèlement, la politique des prises d'otages, des exactions, des massacres massifs par des armes chimiques et biologiques ac-croît de façon vertigineuse le nombre des victimes khmères. Et l'occupation viêtnamienne compte substituer à ces pertes de la population khmère, dont il est responsable, les colons viêtnamiens (plus de 1.500.000 viêtnamiens: soldats paysans) qui arrivent sans cesse pour accaparer les ter-res les plus fertiles du Cambodge. Cette poli-tique, que favorisent les quelques centaines de partisans léninistes de Héng Samrin deve-nus de simples collaborateurs de l'ennemi, impose l'enseigne-ment obligatoire du vietnamien dans les écoles, l'usage du viêt-namien à tous les degrés de l'administration fantoche et favorise les mariages mixtes. L'histoire millénaire du Cambodge est ou-trageusement travestie par les nouveaux maîtres, afin que les écoliers apprennent à se sentir membres du Grand Viêtnam, c'-est-à-dire de la Fédération des Communistes Indochinoise con-çue par le feu Président Hô Chi Minh.
La célèbre naturaliste et ethnologue française, Mlle Marie Alexandrine Martin, Maître de recherche au CNRS, signale, en particulier, qu'en 1982 "les frontières maritimes ont été dépla-cées au détriment du Cambodge et qu'en Juillet 1983, un Traité sur la solution des problèmes frontaliers entre les deux pays" a été signé entre les dirigeants de Hanoï et le gouvernement de Phnom-Penh. Un autre texte, rappelle-t-elle, reconnaît les fron-tières existantes, mais il envisage une "nouvelle délimitation des frontières terrestres: des rectifications au tracé frontalier ont déjà été opérées, notamment en Svay-Rieng au Cambodge". En fait, selon des témoins et des observateurs internationaux, et grâce à l'influence prédominante de leurs représentants au Cam-bodge, les viêtnamiens passent librement au Cambodge et s'y installent. ..Les observateurs étrangers, s'appuyant sur leurs pro-pres constatations et de nombreux témoignages dignes de foi de réfugiés, estiment à plus de 2.000.000 le nombre des civils viêt-namiens installés actuellement (1986) au Cambodge.
Au cours d'une réunion tenue à Phnom-Penh les dirigeants de la capitale et des communes provinciales ont pris connais-sance d'un Arrêt (prakâs) spécifiant que les khmers doivent "par-tager leur terre avec les civils viêtnamiens, les aider à s'installer et à construire leur maison", le tout sous peine d'être emprison-nés pour activité anti-viêtnamienne. D'où de nombreux incidents et la fuite de nombreux civils khmers vers les maquis ou la Thailande... Certains civils viêtnamiens, notamment ceux par-lant le khmer pour avoir vécu autrefois au Cambodge, ont déjà pris la nationalité khmère et se font passer pour des khmers. Ils ont bien entendu le droit de vote.
Les dirigeants de Phnom-Penh, comme le rapportent de nombreux fonctionnaires évadés, ne disposent même plus d'un semblant d'autorité. Ils se heurtent à la force d'inertie de leurs compatriotes qui refusent de coopérer avec l'occupant et sont, de plus, tournés vers les résistants. Dans l'administration, le nom-bre des conseillers soviétiques et viêtnamiens est en train de doubler. Le peuple khmer, qui subit toutes sortes d'humiliations et d'exactions, est admirable de dignité dans l'épreuve de force qui se joue à ce moment. En Janvier 1985, le correspondant du Washington Post à Bangkok confirmant ces renseignements sou-lignait, pour sa part, dans une dépêche au Japon Times le ressen-timent croissant qu'éprouvent les khmers de l'intérieur à l'en-contre des occupants viêtnamiens. Les viêtnamiens ont suscité l'aversion de la population par l'indiscipline de leurs troupes et l'installation de plus en plus massive et pesante de colons viêtna-miens dans les provinces du Cambodge.
L'an dernier, signale le journaliste, 25.000 khmers se sont enfuis en Thailande à la suite d'une purge par l'occupant, de l'-administration provinciale et des forces militaires des commu-nistes pro-viêtnamiens du Parti de Héng Samrin. Le correspon-dant du Washington Post affirme: alors que les viêtnamiens et les autorités à leur service disent que 60.000 viêtnamiens seule-ment se sont installés au Cambodge depuis 1979, les diplomates occidentaux et le Conseil de Sécurité de l'ONU avancent le chiffre de 600.000 et nos Services de Renseignements celui de 950.000.
De son côté, une importante personnalité du régime de Phnom-Penh, M. Sêk Yen, ancien directeur de l'école de politique et de propagande du régime, s'est enfui en Thailande avec 15 membres de sa famille et a été transféré à Bangkok. M. Sêk Yen révéla dans une Conférence de presse que la plupart des hauts-fonctionnaires khmers étaient mariés à des femmes viêtnamien-nes, qui se rencontraient entre elles une fois la semaine et ren-daient compte des activités de leurs maris aux autorités viêtna-miennes de Phnom-Penh. Les enfants nés de ce mariages ont été envoyés faire leurs études au Viêtnam. Au sujet de l'influence viêtnamienne au Cambodge, Sêk Yen a dit que, depuis l'adminis-tration centrale jusqu'aux derniers échelons, "toutes les décisions étaient prises par des viêtnamiens. La demeure de chaque offi-ciel khmer -ou de ceux voulant plaire aux occupants- doit être ornée en bonne place du portrait de Hô-Chi-Minh". Il a souligné aussi que "les khmers du peuple commencent à chercher le mo-yen de soutenir les forces de la résistance anti-viêtnamienne". Les khmers, conclut Sêk Yen, "sont de plus en plus nombreux à soutenir le gouvernement de coalition, car ils veulent éliminer les viêtnamiens et libérer leur pays natal, tâche qu'ils croient possible".
J’ai tenu à résumer les propos de madame Martin, excellent connaisseur de nos problème -comme disait Sihanouk-, et dont nul ne peut mettre en doute l'indépendance d'esprit, et ceux tenus par Sêk Yen, personnalité du régime léniniste de Héng Samrin, qui a fui son pays en réaction contre la domination viêtnamienne sur un Cambodge réduit à la servitude par le gouvernement de Hanoï Il est piquant de constater qu'à l'inverse de la quasi-tota-lité des observateurs et journalistes étrangers ayant pu pénétrer au Cambodge sons contrôle viêtnamien, il se trouve encore cer-taines personnes, comme le cas du représentant de Mesdames Claude Cheysson et Petit Mangin au Chesnay (Yvelines), sieur André Delbassé, et son association "Les Enfants du Mékong" qui reprennent les thèmes de propagande des viêtnamiens affirmant que le régime de Phnom-Penh est voulu et soutenu par le peuple khmer tout entier et que le gouvernement de coalition du prince Sihanouk est rejeté par tous.
Pour que l'opinion internationale puisse juger la proposition que le GCC (Gouvernement de Coalition du Cambodge) présen-te depuis plusieurs années, à savoir l'organisation dans le pays, après le retrait total des forces viêtnamiennes, d'élections géné-rales sons strict contrôle de l'ONU, élections auxquelles tous les Partis et tendances de notre vie politique, y compris l'équipe léniniste de Héng Samrin, pourraient librement concourir. Cette suggestion démocratique aurait dû être saisie au vol par le Gou-vernement de la République Populaire du Kampuchéa de Héng Samrin et par ses alliés viêtnamiens. C'était là l'occasion rêvée,
puisque le peuple khmer, selon eux, devait se prononcer massi-vement en faveur des actuels dirigeants de Phnom-Penh, d'en finir d'un coup avec les 3 composantes de la résistance. Ecrasés, laminés par une con-sultation populaire contrôlée par l'ONU -et donc aux résultats irréfutables- il ne serait plus resté aux groupes de la résis-tance qu'à quitter le sol khmer et méditer en exil leur honteuse défaite.
Hélas! Ni le Gouvernement de la République Populaire du Kampuchéa de Phnom-Penh, ni le Gouvernement de Hanoï n'ont voulu, ni ne veulent, entendre parler de telles élections libres! J’ajoute que les propositions du GCC, dirigé par le prince Sihanouk et son premier ministre Son Sann, pour une fois, les plus logiques et les plus raisonnables présentées au fil des ans, n'ont pas eu davantage de succès et ont essuyé le même refus catégorique.
Le prince Sihanouk a suggéré, par exem-ple, la création, pour permettre la reconstruc-tion du pays au 3/4 détruit par la guerre et démoli par son Armée -Rouge, d'un Gouvernement de Réconciliation Nationale (GRN), par l'inclusion dans la Coalition khmère de toutes les autres par-ties politiques khmères qui accepteraient d'oeuvrer pour un Cam-bodge indépendant, neutre et non-aligné. Ce GRN aurait pu adhérer au Groupe des Nations de l'ASEAN, avec statut d'Etat neutre et non-aligné, afin de prouver aux viêtnamiens et à leurs grands amis soviétiques que le Cambodge réconcilié ne pren-drait aucune part à cette menace chinoise dont feint de s'inquié-ter le Viêtnam.
Il est clair que, pour l'instant, le Viêtnam et ses alliés reje-tent toutes solutions politiques du problème du Cambodge, com-me le montre la récente proposition viêtnamienne d'engager de prétendus pourparlers sans condition entre les Etats de l'ASEAN et les Etats indochinois, alias Fédération Indochinoise viêtna-mienne. Cette proposition de Hanoï que d'aucuns qualifient de breakthrough ne vise, en réalité, qu'a faire enterrer les 6 résolu-tions pertinentes de l'Assemblée Générale de l'ONU sur le Cam-bodge (117 voix contre 19 et 11 abstentions), reconnaître le fait accompli viêtnamien au Cambodge et partant la Fédération in-dochinoise viêtnamienne, comportant un maître et deux servi-teurs.
Et pourtant l'armée de la résistance se renforce, elle compte plus de 80.000 hommes en 1986 des mieux armés, équipés et entraînés, possédant une meilleure expérience de la guerre mo-derne et une motivation patriotique d'un haut niveau, qui se manifestent par des raids audacieux et le plus souvent couronnés de succès sur tout le territoire national. Les viêtnamiens ont beau proclamé que la situation au Cambodge est irréversible, elle est au contraire sur le point de se renverser.
Dois-je souligner aussi que le GCC n'est pas, comme cer-tains le lui reprochent parfois, ou comme le cas du GRUNC en 1970, un Gouvernement en exil? Ses Ministres travaillent en permanence dans les zones libérées, où le président se rend à intervalles réguliers pour visiter et aider les populations et ins-pecter leurs combattants. L'ancien premier ministre Son Sann, le président du Joint Command le lieutenant-général Sak Sutsa-khan (St Cyrien, ancien Sous-Chef d'EMG des FARK et ancien ministre de la défense de la République Khmère), le Chef d'EM/ FNLPK le major-général Diên Del (ancien élève d'ESGD, ancien Commandant la 2ème DI et ancien gouverneur de la province de Kendal), le Chef d'EM/ANS/FUNCINPEC le major-général Téap Ben (ancien élève d'ESGD, ancien Commandant la Région Mili-taire des FANK), le b/général Thach Réng (ancien officier du DirMat/FARK, élève d'EFS à Lop-Buri, ancien membre du comi-té du FLKKK/FULRO et ancien Commandant la 1ère Brigade des Forces Spéciales), les autres généraux et officiers khmers restent en permanance avec nos combattants sur le territoire national.
Tous les espoirs nous sont permis si nous savons sauve-garder, dans le présent comme dans l'avenir, notre Union Natio-nale. Elle est le facteur fondamental de la survie de notre Nation et de la préservation de notre identité nationale. Le plus grand devoir des khmers à l'heure actuelle est de conserver toutes leurs forces à l’Union patriotique, sans laquelle notre lutte serait sans issue. Je constate que toutes les composantes qui forment notre coalition sont devenues conscientes de cette nécessité et font passer le salut de la Patrie avant toute autre considération.
Je me réjouis de tout coeur de constater l'échec de nos ennemis pour semer la division au sein de notre coalition à la-quelle j'ai eu l'honneur de participer. Tous les peuples du monde se rappelleront que, pour faciliter les activités d'ordre diploma-tique et pour se faire connaître sur le plan international, les diri-geants du mouvement de libération nationale de l'Algérie ont créé un gouvernement provisoire de la République d'Algérie en Tunisie, de 1958 à 1962, qui a bénéficié d'une vaste assistance et d'un vaste appui international. Tous les pays et les peuples anti-fascistes se rappelleront également que le Comité Français de Libération Nationale (CFLN) contre l'agression fasciste, formé à Alger par le Général de Brigade Charles De Gaulle, de 1943 à 1944, n'avait pas encore créé de zones libérées en métropole, sans parler de la libération de Paris, la capitale. Pourtant, comme il s'agissait d'une juste lutte et qu'elle reflétait le désir du peuple français de sauvegarder son indépendance nationale et de com-battre l'agression fasciste, tous les pays et tous les peuples anti-fascistes de l'époque l'ont reconnu comme le seul représentant légitime du peuple français et ont considéré le régime de Vichy comme une clique fantoche traîtresse.
Le GCC est reconnu par 93,5% de la communauté interna-tionale comme le Gouvernement légal du Cambodge: il est habi-lité de ce fait à conclure des alliances et à faire .appel à ses allies pour réaliser son objectif de libération nationale, comme l'a fait le Gouvernement de la France Libre présidé par le général De Gaulle. Tous ces atouts du Monde Libre doivent être intellige-mment utilisés pour que le Cambodge retrouve son indépendan-ce et les khmers le droit de vivre -ou de retourner vivre- libre-ment dans leur pays.
Quant à celle des Nazis khmers (le massacre de plus de 3.000.000 de personnes en 1975-1979 était le chef-d'oeuvre des marxistes pro-chinois de Pol Pot et des léninistes pro-viêtna-miens de Héng Samrin), elle ne verrait pas d'un trop mauvais oeil cette triste éventualité, puisqu'en programmant pendant son règne l'autogénocide, elle a, elle aussi, fait le jeu de ses anciens alliés, les nord- viêtnamiens et les viêtcongs.
En effet, dans son démentiel programme politique, n'a-t-elle pas décidé en 1973 de ne conserver vivants que 1.000.000 d'habitants khmers parmi les plus purs entre les purs sur les 8.500.000 vivants? Comme certaines associations françaises mar-rainées par madame la ministre Claude Cheysson et de nom-breux habitants de Versailles et du Chesnay (Yvelines 78) le voient, sans minimiser le moins du monde le danger suprême pour le peuple khmer que constitue le retour de marxistes-léni-nistes au pouvoir, nous estimons que celui de la viêtnamisation de notre pays est non seulement réel mais beaucoup plus grave encore, puisque Hanoï est en train de vider le Cambodge, avec la complicité de ces fantoches de Phnom-Penh, de sa population autochtone pour la remplacer par le trop-plein de la population viêtnamienne! Il s'agit donc là d'un crime d'ethnocide, infini-ment plus grave contre l'humanité que ceux d'Adolf Hitler. En France, beaucoup de gens ne voient que le danger des commu-nistes khmers pro-chinois, justifiant implicitement celui des pro-vietnamiens. Quant à la disparition future du Cambodge de la carte du monde, ils ne s'en font aucun souci!
Avant de continuer plus loin, je me dois de dire, sans craindre d'être démenti par tous les auteurs de son Histoire con-temporaine, que je suis le seul témoin survivant qui peut répon-dre efficacement sur le passé du Cambodge (1960-1977), car samdech Sihanouk (ancien Chef de l'Etat) avait quitté le Cam-bodge avant l'évènement du 18 Mars 1970, Son Sann (ancien Premier Ministre et Gouverneur de la Banque Nationale du Cam-bodge) avant 1968, le prince Sirik-Matak (ancien Président du Conseil des Ministres) est livré par le Consul Général de France à Phnom-Penh et assassiné par les khmers-rouges en Avril 1975, le lieute-nant-général Sosthène Femandez (ancien Com-mandant-en-Chef) avait quitté le Cambodge avant Avril 1975, le Maréchal Lon Nol (ancien président de la République) est mort en exil, le lieutenant-général Sak Sutsakhan (ancien pré-sident du Comité National Suprême du Cambodge) n'avait pas de pouvoir (1970-1979) et il nous avait abandonné en quittant le pays avant la chute de Phnom-Penh du 17 Avril 1975, l'ancien premier ministre Long Boret est assassiné, etc…
En qualité d'ancien Directeur des Etudes et des Plans de l'EMG des armées, Directeur des Opérations COC du Haut-Com -mandant, et Membre permanent & Chef du Département des Opérations de l'EM Three Party des 3 pays de l'Asie du Sud-Est (des Forces Armées sud-viêtnamiennes, thailandaises et cambod-giennes ), je suis aussi de ceux que beaucoup croient assassinés en 1977 à Kampong-Séam comme tous les membres de ma fa-mille par des communistes car j'ai refusé d'abandonner mes sol-dats et mon pays pendant et après l'occupation de la capitale par l'Armée Rouge et ses alliés en Avril 1975. On se demande de quelle façon ai-je pu m'évader de la prison des communistes khmers et de celle des communistes viêtnamiens? , et on dit éga-lement que les communistes ont eu tort de laisser échapper ce tigre blessé....
J'avais donné à mes amis versaillais ma réflexion sur le film américain “La Déchirure” leur disant que les objectifs man-quent beaucoup pour le qualifier d'exceptionnel. Tourné en Thai-lande dans des décors et des paysages qui rappellent beaucoup ceux de mon pays natal, il évoque l'histoire tragique de ce mal-heureux pays de 1973 à 1979. Six années d'horreur, de péripéties atroces, de sang et de larmes. Le réalisateur anglais Roland Joffe a réussi une reconstitution des évènements retracés dans son film sur lequel je me permets de faire quelques observations:
- L'assaut des communistes khmers sur Phnom-Penh: Faux
à 100%,
- Le cauchemar des bombardements de roquettes sur les civils de la capitale de Phnom-Penh…: Vrai à 100%,
- Le bombardement, par erreur de l'ordinateur du B52, sur
la région de Néak-Loeung…: Vrai à 50%,
- L'évacuation alarmante de l'Ambassade des USA à
Phnom-Penh…: Faux à 100%,
- L'accueil des forces de l'Armée Rouge par la population
de Phnom-Penh…: Vrai à 50%,
- Le Consulat Général de France transformé en un refuge
précaire après la chasse du CICR par l'Armée Rouge de
samdech Sihanouk...: Vrai à 100%,
- La déportation des habitants de Phnom-Penh par les communistes khmers: Remarquable à 100%,
- La scène de la livraison des hautes personnalités de la République Khmère (beaucoup sont des membres de ma famille) par le Consul Général de France aux soldats khmers-rouges…: Remarquable à 100%.
Le film “La Déchirure” présente la guerre au Cambodge comme une guerre civile. Ce n'est pas exact! Car il s'agissait bel et bien d'une guerre étrangère, née de l'invasion du Cambod-ge par les forces nord-viêtnamiennes et viêtcongs renforcées par les éléments chinois et nord-coréens après la chute de samdech Sihanouk en Mars 1970.
En occident on pense qu'après les accords de Paris du 27 Janvier 1973 qui mettaient théoriquement fin à la Seconde Guer-re d'Indochine, les communistes viêtnamiens firent leur appari-tion sur les champs de bataille khmers. Le monde entier se de-mande "Pourquoi n'a-t-on pas su tout de suite ce qui s'était passé à Phnom-Penh après le 17 Avril 1975?.. ".
Peu de pays dans le monde ont, au cours de ces dernières décennies, connu autant de souffrances que le Cambodge. D'a-bord, une guerre d'agression des Communistes internationalistes (NVN/VC/AC/URSS/CDN) y a fait rage depuis le moment où samdech Sihanouk a été déchu en 1970 et ce jusqu'à ce que les forces de l'Armée Rouge de FUNC prennent le pouvoir au prin-temps de 1975 grâce aux enjeux de Moscou-Pékin-Paris, entre 1975 et 1979.
Le régime des communistes khmers (pro-chinois et pro-viêtnamiens) dans les annales de l'histoire, s'est lancé dans une politique qu'un prêtre français, le R.P. François Ponchaud, en termes mémorables, a qualifié d'autogénocide. Jamais, depuis l'-holocauste hitlérien où 1/3 du peuple juif fut condamné et ex-terminé, le monde n'avait été témoin d'une chose pareille; faisant de leur pays un Auschwitz asiatique, les communistes khmers ont systématiquement assassiné et affamé environ 3.000.000 (?) de personnes, selon les estimations, sur une population totale en 1975 de 8.500.000 d'habitants. Et, comme si cela ne suffisait pas, les viêtnamiens et les Soviétiques ont ensuite envahi notre pays, à la fin de 1978, obligeant environ 1.000.000 de khmers à fuir leur pays et, appuyés par une armée d'environ 180.000 hom-mes (3 contre 1); ils avaient occupé le pays et l'occupent encore aujourd'hui (1986).
La politique khmère en France! Très sincèrement, je ne veux pas ouvrir de polémique sur la politique actuelle de la France socialo-communiste dans le Sud-Est asiatique, en parti-culier celle qui concerne le Cambodge. Tous les anciens d'Indo-chine savent que le Cambodge et le Laos sont francophones et francophiles et, depuis 1975, ces pays sont occupés par les com-munistes internationalistes unis. A partir de 1979 ces pays sont conquis par les troupes de Hanoï et de Moscou. Cette situation a été condamnée au niveau international puisque des résolutions des Nations-Unies, que la France a approuvées en 1979 et 1980, ont demandé le retrait des troupes viêtnamiennes.
J’ai pu constater à l'époque que la France avait gagné un nouveau prestige en Asie du Sud-Est depuis Avril 1975, car seuls les consulats généraux de France (au Cambodge, au Laos, et au Sud-Viêtnam) ont lutté efficacement pour le rapatriement de leurs ressortissants. Les autres ambassades fermèrent définiti-vement leurs portes, mais aucun autre pays ne s'en tire avec honneur.
Par exemple à Saïgon, les missions britanniques, canadien-nes, taiwanaises, etc... abandonnèrent non seulement leur per-sonnel sud-viêtnamien, mais aussi des milliers de leurs ressortis-sants installés dans différentes villes de provinces et dont un bon nombre étaient agents de renseignements. C'est pourquoi je voue sincèrement, sans flatterie, une admiration à ce pays -la France-, pour avoir:
1- Rapatrié tous les Français du Cambodge, du Sud Viêt-nam et du Laos, poussant le scrupule jusqu'à admettre sur son territoire des métis français de nationalités étrangères dépourvus de documents d'état-civil justifiant leur filia-
tion du temps du protectorat et de la colonie française;
2- Aplani les difficultés et simplifié au maximum les formalités;
3- Et l'élégance de réclamer en 1979 les dépouilles des anciens combattants non reconnus par les viêtnamiens du temps de la Guerre d'Indochine, en payant des fortunes.
Pourquoi faut-il que la médaille ait eu son revers? Car en Avril 1975 le Consul Général de France à Phnom-Penh a aussi livré aux khmers-rouges, qui les ont tués immédiatement, de hautes personnalités de la République Khmère sollicitant l'asile politique, comme le prince Sirik Matak (ancien gouverneur de province de la colonie, ancien président du conseil des ministres, commandeur de la légion d'honneur et grand croix de l'ordre na-tional du mérite de France), LL.EE. Ung Bonn Hor (président de l'Assemblée Nationale et mon neveu), Dy Bellon (fils du feu roi Suramarit et mon cousin, Député du Parlement, ancien ministre de la sécurité et finalement assistant du Président de la Républi-que), le Colonel Paul Y Bonn Suor (commandant la 40ème BI et Gouverneur de la province de Mondoul-Kiri), etc... Sans parler de samdech Monireth (prince hérité, Saint Cyrien, Officier de l'armée française et Grand Officier de la Légion d'Honneur) et la famille royale que le Consul Général de France n'a pas voulu accueillir, bien qu'il eût été le compagnon d'armes du Consul Général de France, M. Jean Dyrac; pourtant, les américains n'-ont pas livré le Shah d'Iran aux révolutionnaires!
Monsieur Claude Cheysson, ministre français des relations extérieures, a déclaré: “Il n’y a donc jamais eu d'isolement di-plomatique du Viêtnam (...). Il est question aujourd'hui à l'égard de cette zone, de porter nos relations, dans la clarté et dans la franchise, au niveau de confiance mutuelle indispensable pour que nous puissions aider les pays du Sud-Est asiatique à re-trouver la paix et à rétablir leur avenir... (Sic)”. M. Cheysson a raison, mais si je ne me trompe pas il y a une certaine novation depuis Janvier 1982, c'est à partir du moment où la France donne à ce pays 200.000.000 de francs, 6.000 tonnes de céréales par an et éponge ou étale sur une très longue durée des dettes de 200.000.000 de US$. Il y a vraiment un changement sensible dans les relations entre les 2 pays!
Il est donc aussi quelque peu hypocrite de parler de clarté et de franchise alors que, tout en continuant à soutenir les résolu-tions de l'ONU qui demandent le retrait des troupes viêtnamien-nes et soviétiques du Cambodge pour que les forces des Nations -Unies puissent contrôler provisoirement ce pays, on accorde au Viêtnam divers cadeaux et on reprend avec lui des relations qui sont présentées, tout au moins dans la presse française, comme particulièrement chaleureuses et amicales. L'évolution me sem-ble donc nette.
En tout cas, ce qui ne trompe pas, c'est que les réfugiés khmers en France, et tous ceux qui s'intéressent au problème du Cambodge, ont interprété les décisions du gouvernement fran-çais actuel comme une sorte de coup de poignard donné par la France à un pays -presque abandonné de tous aujourd’hui- qui n'a jamais porté les armes contre elle.
La France, qui l'a occupé et colonisé durant plus d'un demi-siècle et qui a participé à sa défense et à son développement pendant de nombreuses années pourrait, me semble-t-il être plus ferme d'autant que le gouvernement actuel se pique de réprouver sur le plan international les atteintes aux libertés. Or, Hanoï don-ne, de ce point de vue, un triste exemple. Vous n'ignorez sans doute pas qu'un dossier très volumineux d’Amnesty Internatio-nal indique que plus de 40.000 personnes sont injustement em-prisonnées. Encore n'est-il pas sûr du tout que ce chiffre soit limitatif !
Je crois bien que de nombreux français s'étonnent de l'aide apportée par la France au Viêtnam alors que la France actuelle n'a pas grand-chose à en attendre sur le plan commercial. Cha-cun dans ce monde sait en effet que le commerce du monde occidental est surtout intéressé par des Etats comme Taïwan, la RPC, l'Indonésie, la Corée du Sud et le Japon. Le voyage qu’ef-fectue le Président de la République Française en 1983 le montre bien. Mais ce n'est pas du côté du Viêtnam que la France espère des gains commerciaux, peut-être dans 20 ans, et encore...
Tout est clair car M. Jean Le Garrec, Secrétaire d’Etat au-près du premier ministre chargé de l'extension du secteur public, a déclaré le 16 Avril 1984 au Palais Bourbon que: “Le gouver-nement estime que la poursuit du dialogue -il ne s'agit pas d'un dialogue chaleureux mais d’un dialogue tout court, d'un dia-logue dans la franchise- est l'un des éléments qui peut permettre d’aboutir à une solution politique que la France souhaite très clairement... ”.
Les réponses faites par le gouvernement français m'ont beaucoup choqué, car en affirmant qu'il n'y avait rien de changé dans l’attitude française vis-à-vis du Viêtnam alors que la Fran-ce venait elle-même de prendre l’initiative de briser l'isolement diplomatique et économique qui enfermait ce dernier à cause de l'occupation du Cambodge par ses troupes; celui-ci s'est certaine-ment moque du monde! Que la France s'abstienne d'aider le Cambodge à secouer le joug du Viêtnam, passe encore. C'est son droit le plus absolu.
Mais a-t-elle pour autant le droit de le sacrifier sur l'autel des retrouvailles franco-viêtnamiennes en le plaçant devant le fait accompli imposé par l’occupant? Dire après cela qu'elle aide les pays d'Indochine à retrouver la paix (sic) et à rebâtir leur avenir (resic), c'est faire preuve d’une naïveté sans bornes, sinon d'une tartuferie à toute épreuve, car à mon avis, ce serait là la meilleure façon d'aider la République Socialiste du Viêtnam (RSVN) qui occupe le Cambodge et le Laos à rebâtir son avenir sur les ruines de ces derniers, lesquels retrouveraient en fin de compte, et eux seuls, la paix du cimetière!
C’est du moins ce que j'en pense très sincèrement à en juger par les antécédents historiques du Nord-Viêtnam. Mais affirmer gratuitement contre l’évidence qu'il n'y a rien de changé dans l'attitude française, alors là, c’est dépassé la mesure per-mise, et indigne d'un gouvernement qui se prend pour le phare du monde. En effet, aider Hanoï dont les difficultés internes ne proviennent que de sa politique expansionniste malgré le pillage systématique des ressources naturelles du Cambodge, du Laos et même du Sud-Viêtnam occupés par des troupes et l'assistance colossale et multiforme qu’il reçoit de son allié, l'URSS (6.000.000 de US$ par jour), c’est voler au secours d'une nation impérialiste aux dents longues pour lui permettre de dévorer plus aisément ses voisins plus faibles. C'est ce que cette Nation a fait du Champa au XVème siècle, hier du Kampuchéa-krom (ex-Cochinchine), aujourd'hui du Cambodge, du Laos, du Sud-Viêt-nam, et demain d'autres pays de la région avec l'appui de la puis-sance étrangère sous son régime socialo-communiste.
Voilà ce que je pense de l'attitude à l'égard du Cambodge meurtri, du gouvernement français de M. Pierre Mauroy, attitude ambiguë, s’il en fut, tendant à faire croire qu'il appartiendrait au bloc occidental tandis qu'en réalité, il soutient l'impérialisme communiste de la pire espèce. Comme tous les Français le sa-vaient depuis 1981, le Président François Mitterrand reçoit ré-gulièrement, une fois par an, samdech Sihanouk. L'année 1984, les 2 Chefs d'Etat sont tombés d’accord pour se rencontrer à 2 reprises à partir de cette année, pour l’année 1984, la première entrevue eut lieu en Août et la 2ème le 17 Décembre.
Toutefois, la France n'avait pas de relation diplomatique avec le GCC, mais elle reconnaît la coalition du Cambodge, ce qui lui permet de recevoir également des officiels du régime de Héng Samrin de Phnom-Penh, comme ce fut le cas en Octobre et Novembre 1983 pour le docteur My Samedy, président de la Croix Rouge Hengsamrinienne et après à l’occasion de la visite remarquée du premier ministre Hun Sèn qui était ancien ministre de la Défense du gouvernement de Pol Pot. S'il est vrai, que le gouvernement français considère ces visites comme étant pri-vées, il n’en est pas moins vrai qu'elles ont donné lieu à des consultations privées qui permettent à la France de servir d'in-termédiaire privilégié dans un dialogue à distance entre les par-ties khmères ennemies. Ceci témoigne des louables et généreux efforts de la France qui participe ainsi activement à la recherche d'une solution politique au problème khmer, solution qu’elle es-saie de favoriser en insistant sur la nécessité pour les 4 parties khmères de se rencontrer et de former un Gouvernement d'Union tel que le Gouvernement de Coalition Quadripartite suggéré par samdech Sihanouk à Tokyo et à l’ONU.
C’est sans doute dans cette optique qu'une rencontre fut proposée le Ministère des Relations Extérieures français entre samdech Sihanouk et le premier ministre de Phnom-Penh. A cet-te proposition Sihanouk a opposé une fin de non-recevoir.
Car la question qui se pose, à propos de l'initiative fran-çaise, est de savoir si la France soutient la proposition de sam-dech Sihanouk concernant la réunion d'une Conférence Interna-tionale sur le Cambodge à laquelle participeraient toutes les par-ties intéressées, et au sein de laquelle le Cambodge serait repré-senté par ce Gouvernement Quadripartite par l'adjonction du groupe des pro-viêtnamiens à l'actuel coalition tripartite.
Si tel était le cas, est-il réaliste, de la part de la France, de commencer par mettre en relation les parties khmères avant que l'idée de cette conférence ne soit acceptée par le Viêtnam, prin-cipal protagoniste? Il conviendrait plutôt de résoudre d'abord le problème politique de cette Conférence avant de songer à la for-mation du gouvernement quadripartite qui, elle, n'est qu'un as-pect technique du problème. Dès lors que le Viêtnam, sous di-verses pressions, acceptera de se joindre -en même temps que ses alliés- à cette conférence pour discuter du retrait de ses trou-pes hors du Cambodge alors se posera le problème de la repré-sentation du Cambodge, et c'est avec moment-là seulement que devra se former ce fameux Gouvernement Quadripartite, lequel ne constitue qu’une solution.
Par ailleurs, une rencontre entre Sihanouk et un représen-tant du régime proviêtnamien de Phnom-Penh peut-elle faire évoluer positivement le problème khmer? Cela est peu probable dans la mesure où Sihanouk est libre de ses choix; il n'en est pas de même pour les membres de l'administration de Phnom-Penh qui relèvent, pour toute décision, de leurs grands maîtres viêtna-miens qui, jusqu'à présent, n'ont montré aucune velléité d'assou-plissement de leur politique.
Concrètement, cette inégalité entre Sihanouk et la partie pro-viêtnamienne s'illustre par le fait que si Son Sann (FNLPK), Khieu Samphan (FGUNPDK) et Sihanouk (FUNCINPEC) peu-vent mettre un terme à leur participation au sein du Gouverne-ment de Coalition Tripartite -au cas où les inté-rêts du pays et de la nation khmère le réclame-raient- pour envisager d'autres alliances et pour mettre en oeuvre d'autres stratégies poli-tiques, il n'en va pas de même pour Hun Sèn, par exemple, qui ne peut que se soumettre au diktat de l'occupant viêtnamien. En dernier lieu, le GCC s'interroge sur l'opportunité de cette rencontre alors que les troupes viêtnamiennes viennent de lancer leurs premières opérations militaires contre les camps de réfugiés et que le rapport de force entretenant d'une solution né-gociée et partisans de la lutte à outrance reste largement en fa-veur de ces derniers.
Le GCC estime que la France -grande amie historique de Sihanouk- a un rôle très important à jouer, du fait de son rand sur la scène internationale, et ce rôle consiste précisément à faire évoluer le rapport de forces entre ceux qui veulent une solution politique rapide et ceux qui, au contraire, se satisfont du statu quo permettant ainsi à la République Socialiste du Vietnam de poursuivre en toute impunité et toute quiétude son inexorable politique de colonisation et d'annexion du Cambodge.
"Parmi les anciens protectorats et colonies de France, le Cambodge seul n'a jamais pris les armes contre elle...(Sic)" (Cf. discours en 1985 du Comte Michel de Haut de Sigy, Maire de Versailles, à Bayeux). Il n'existe donc, entre le peuple khmer et le peuple français, aucun contentieux et c'est justement eu égard à cette tradition d'estime mutuelle que les patriotes khmers et le GCC placent en la France et en son gouvernement de légi-times espoirs. Encore faudrait-il que le gouvernement français ne tombe pas dans le piège viêtnamien consistant à faire croire que les dirigeants de Hanoï ne désirent rien d'autre qu'une solu-tion au problème khmer. La seule solution qui ressorte des pseu-do-propositions jusqu'à présent avancées par le Viêtnam est la reconnaissance du fait accompli par la reconnaissance de jure de leurs protégés de Phnom-Penh. Ni Sihanouk, ni Khieu Samphan, ni Son Sann, ne pourraient s'associer à ces manoeuvres contrai-res aux intérêts du Cambodge et de son peuple de plus en plus opprimé.
Tout le monde savait aussi que presque 100 ans de vie com-mune ont tissé entre Français et Khmers des liens indissolubles d'amitié dans les domaines les plus divers: culturel, économique, politique. De milliers de khmers, ouvriers et soldats, ont parti-cipé aux 2 Guerres Mondiales et sont morts pour la France. Un monument a été érigé à la mémoire des 28 Régiments comman-dés par des princes khmers et laotiens (il n'y a pas de viêtna-miens) morts pour la France -par exemple la grande bataille de Verdun- dans l'enceinte du Jardin Tropical de Vincennes (35 bis avenue de la Belle-Gabrielle à Nogent-sur-Marne), Monument plus ou moins délaissé et ignoré du public Français.
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